Parcours de diplômés

Interview diplômÉ

Christophe SCHWARTZ

Chef d’unité en charge de l’exploitation de procédés de métallurgie sur des matériaux nucléaires pour le programme de dissuasion

Chef d’une installation nucléaire sur le centre Valduc – CEA

Quel est ton poste actuel au sein du CEA ? En quoi consiste t’il ? Quelle a été ton évolution au sein du CEA ?

J’occupe actuellement la fonction de chef d’unité en charge de l’exploitation de procédés de métallurgie sur des matériaux nucléaires pour le programme de dissuasion, et de chef d’une installation nucléaire sur le centre Valduc, site qui appartient à la Direction des Applications Militaires du CEA. C’est un poste passionnant qui nécessite un investissement total qui cumule différents aspects transverses :
  • Le management hiérarchique et technique d’une équipe pluridisciplinaire qui exploite des procédés uniques en France, en veillant au respect des jalons de nos programmes et de la qualité de nos réalisations : la crédibilité de la dissuasion en dépend ;
  • La maîtrise des activités réalisées dans l’installation en termes de sûreté nucléaire, de sécurité et de coactivité : l’attitude interrogative, l’identification et le traitement des écarts, la prise en compte du retour d’expérience et la présence sur le terrain sont des composantes essentielles pour assurer efficacement cette mission ;
  • La protection des matières nucléaires et des activités associées : compte tenu de la sensibilité de notre mission, cette composante revêt un caractère fondamental pour faire face aux différentes menaces auxquelles nous pouvons être confrontées.
 
J’ai intégré le CEA après l’obtention de mon diplôme en 1998 en tant qu’ingénieur dans le domaine des CND, en charge du développement et de la mise en place de nouveaux procédés appliqués au contrôle de matériaux nucléaires (tomographie, ultrasons multiéléments, …). On m’a rapidement confié des responsabilités hiérarchiques dans différents domaines, en passant des métiers de la fabrication (contrôles, procédés d’élaboration), au recyclage des matériaux (chimie séparative), jusqu’au pilotage d’activités transverses au profit des unités du centre (gestion des déchets nucléaires, des transports et entreposages). Ma formation d’ingénieur généraliste a été un atout car elle m’a permis de m’adapter rapidement à ces différents environnements.
 

Peux-tu expliquer ton parcours au sein de l’ESIREM ? (année de diplômation, prépa intégrée, stages, expériences à l’international…) ?

Mon parcours à l’ESIREM a été riche en termes d’apprentissage, d’échanges divers et variés, de projets qu’ils soient scientifiques, techniques, associatifs, mais également de rencontres… tout ce qui permet de construire des bases solides pour évoluer dans le monde de l’entreprise.
Je me suis spécialisé dans le domaine des matériaux métalliques et j’ai réalisé mon premier stage dans une PME locale spécialisée dans le traitement thermique et thermochimique des matériaux (nitruration, cémentation). Cette première expérience m’a permis d’appréhender toute l’importance des caractéristiques métallurgiques des matériaux vis-à-vis de leur usage ultérieur. J’ai ensuite complété ma formation en dernière année d’école d’ingénieur par un diplôme d’études approfondies à l’Université de Bourgogne (équivalent actuellement à un master recherche) dans le domaine de l’instrumentation et de l’acquisition de signaux et imagerie associée. Mon stage de fin d’études a été réalisé dans un grand groupe de fabrication de détecteurs d’images argentiques pour l’industrie avec comme principal objectif de développer des outils de monitoring des procédés de fabrication de ces détecteurs par le biais d’une double démarche modélisation / validation expérimentale. Cette expérience m’a alors ouvert les portes du CEA.

En quoi ta formation t’est-elle encore utile aujourd’hui ?

La spécificité de nos missions nécessite de relever des défis scientifiques, techniques et technologiques uniques. Pour ce faire, je m’appuie au quotidien sur de nombreux spécialistes dans différents domaines d’activité (conception, fabrication, caractérisations des matériaux, modélisation numérique, conduite de procédés, maintenance, sûreté nucléaire, robotisation, …). Il est donc essentiel de faire preuve d’une grande capacité d’adaptation, d’écoute et de synthèse pour aborder l’ensemble de ces sujets et participer à leur suivi.
La formation généraliste dispensée à l’ESIREM permet il me semble de préparer les ingénieurs à travailler sur des sujets pluridisciplinaires et parfois complexes, en mettant toujours au premier plan l’importance du travail d’équipe.

Quels sont les atouts de l’ESIREM ?

L’ESIREM forme des ingénieurs spécialisés dans les domaines des matériaux et des nouvelles technologies du numérique (robotique, cybersécurité, …) : ce sont des thèmes de première importante dans un contexte où leurs usages doivent sans cesse être optimisés (épuisement des ressources, impact environnemental, recyclage, durabilité, coût…) et où l’industrie 4.0 est au cœur des enjeux actuels actuels.
Pour la suivre de près, je sais qu’elle a su continuellement se remettre en cause pour s’adapter et évoluer aux exigences du monde industriel. Le dernier exemple récent concerne la mise en place d’une toute nouvelle formation en apprentissage à la rentrée 2023 sur le domaine des contrôles non destructifs qui répond à un besoin fort des entreprises, et notamment du centre de Valduc.

Les étudiants de l’ESIREM acquièrent tout au long de leur formation des compétences techniques dans leurs domaines de spécialité qui leur permettent ensuite de travailler sur des projets de recherche et de développement innovants. Ils constituent un vivier de première importance pour le CEA dans le cadre des partenariats pour l’accueil de stagiaires, de doctorants, puis pour l’embauche de jeunes ingénieurs. 

Quels conseils donnerais-tu aux futurs ingénieurs Matériaux ?

Comme vous le constaterez bientôt, le métier d’ingénieur est passionnant : il doit être vécu pleinement et avec enthousiasme en veillant continuellement à faire progresser les autres et améliorer les méthodes de travail. Chercher des réponses concrètes à des problèmes complexes, en tenant compte des contraintes et en optimisant l’usage des ressources, c’est tout l’enjeu qui vous attend.
Faites preuve de curiosité, d’imagination, osez et ne vous fixez aucune limite !

Es-tu toujours investi au sein de l’école ? (enseignements, membre des conseils…)

J’ai toujours réussi à garder un lien privilégié avec l’ESIREM et ses équipes de direction, d’enseignants, et leurs étudiants… que ce soit au travers de l’organisation de certaines manifestations (visite de sites industriels de la filière nucléaire notamment), mais également par le biais d’enseignements et de participation aux instances décisionnelles de l’école.
Parmi mes implications actuelles, je participe depuis quelques années au Conseil d’Ecole de l’ESIREM en tant que membre représentant du CEA, ce qui me permet de prendre part aux décisions stratégiques sur son évolution, et de suivre sa mutation en adéquation avec les besoins du monde industriel.
Je donne également toujours avec grand plaisir quelques heures de cours tous les ans sur les contrôles non destructifs par rayonnements X et gamma. Cela me permet de garder une proximité directe avec les étudiants et parfois de leur ouvrir les portes du CEA pour un stage, voire une embauche.